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Bien choisir son film.
19 février 2015

Birdman

Un film de, Alejandro González Iñarritu.

Film Américain  - 1h59 - genre : Drame, Comédie 

 Sortie en France le 25 février 2015

 A reçu 13 prix et 28 nominations

 

Le synopsis :

À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego…
S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir...

 

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L'analyse de Mathilde.

 

Birdman a fait couler beaucoup d’encre avant même sa sortie. Il faut dire qu’Iñarritu peut se targuer d’être un réalisateur prodige (voir la trilogie Amours Chiennes (2000), 21 Grammes (2003) et Babel (2006)) qui joue sur l’entremêlement des fils rouges avec brio. L’esthétique de ses films où planent des silences caractéristiques et lourds de significations, sa manie de brouiller les pistes et de mener le spectateur sur de fausses pistes sont reconnaissables entre tous.

Mais pourquoi ne pas avoir gardé la même recette pour ce Birdman qui s’annonçait pourtant prometteur ? Une déception proportionnelle à l’engouement qu’ont suscité chez moi ses films précédents.

Birdman

Le générique d’ouverture rappelle celui qui faisait la marque de fabrique de Pierrot le Fou (Jean-Luc Godard, 1965), la symbolique en moins.

Le fameux Riggan Thompson, incarné par un Michael Keaton terne, déambule dans les couloirs d’un théâtre. Il aboie des ordres rendus presque inintelligible par l’insupportable batterie (mais pas batteur, puisqu’il ne s’agit de rien de moins que d’Antonio Sanchez, à bon entendeur !) qui s’acharne sur le trottoir de Broadway. Déjà, on se demande « pourquoi ? ». Le musicien nous tape sur le système avec une insolente effronterie motivant un agacement grandissant à mesure que le film se poursuit.

On s’attend à vivre ces deux heures de film dans un huis-clos, certains réconfortés à l’idée d’être bercé dans le confort et la chaleur évanescente de la Vénus à la Fourrure (Roman Polanski, 2013). Mais non.

Une scène bien particulière s’ancre dans les annales de « ces films énervants qu’on regarde jusqu’au bout par curiosité ». Cette scène, c’est celle où Riggan  s’énerve contre l’un de ses comédiens qui « n’a jamais aussi bien joué qu’en saignant de l’oreille » après qu’il ait été puni de sa médiocrité par les pouvoirs divins –et franchement de mauvais goût, malgré leur symbolique- du héros.

Or, on a envie de saisir ce Riggan par les épaules et le secouer énergiquement en lui criant qu’il est encore plus raté que son acteur de théâtre. Sans parler de sa propre fille, dont le rôle est endossé par une Emma Stone on ne peut plus niaise, à l’instar de toutes les autres actrices (la comédienne presque violée, l’autre presque déchue…), qui n’évoquent que de pauvres seconds couteaux larmoyants et comparables à des ados en pleine crise.

En somme : elles sont aussi crédibles que la critique de Broadway, si peu crédible justement dans son rôle de grande journaliste qui base ses papiers sur… Tout sauf l’art ! Mais plutôt sur la frustration qu’entretient sa situation de pauvre femme aigrie et jalouse. On n’aurait pas pu trouver critique moins convaincante. La réplique affligeante : « je vais appeler la police » alors que Riggan s’empare simplement de son bloc-notes résume à elle-seule la totale inutilité d’un personnage si peu travaillé.

Quant à Edward Norton pourtant irréprochable, il ne se départit pas de son image de Fight Club (David Fincher,1999) qui approche désormais davantage de la popularité que de sa « cousine racoleuse » qu’est le prestige. À force d’user et d’abuser d’un stéréotype de personnage (et de la réputation qu’il se forge) pour un acteur en particulier, il finit par lui coller à la peau et à ne plus pouvoir s’en détacher aux yeux du spectateur. Vraiment dommage.

Les personnages forment donc cette pierre d’achoppement sur laquelle bute sans arrêt Iñarritu, lui qui aurait fait  pleurer les pierres avec son 21 Grammes. L’indifférence règne donc concernant les personnages. Il pourrait leur arriver tous les malheurs du monde qu’on ne laisserait guère perler une larmichette sur leur triste sort.

 

À part le pire des mépris qu’est l’indifférence, le film ne suscite rien. Une vague surprise, peut-être, lorsque les effets spéciaux entrent en jeu pendant une période presque jouissive de vingt secondes. Et encore : le saut dans le vide de Riggan lorsqu’il survole la ville est aussi répulsif que la défenestration de Marina Foïs dans Polisse (Baïwenn LeBesco, 2011), voire pire que les mauvaises incrustations sur fond vert à la Mary Poppins (Robert Stevenson, 1964), sans l’excuse des « moyens de l’époque ».

On pourrait s’attarder sur la mise en scène, histoire de redresser un peu la barre. Les plans-séquences offrent une sensation de fluidité. Les transitions entre les scènes de la pièce sont parfois joliment agrémentées de fondus dans le décor lui-même. Mais même ça rappelle les scènes kitchs du Lovely Bones de Peter Jackson (2009).

Pour surenchérir dans l’intertextualité, on peut comparer la fin « glorieuse » de Riggan à celle de Nina dans Black Swan (Darren Aronofsky, 2011), et remarquer l’humour assimilable aux frères Cohen mais jouant un peu trop sur la prosodie avec la bande-sonore, noter le potentiel clin d’œil au lapin de taille humaine de Donnie Darko (Richard Kelly, 2001), j’en passe et des meilleurs. Mais bon… Et alors ?

Cela évoque vaguement l’infect Lucy de Luc Besson, et est à peu près à la même hauteur niveau déception suscitée, après le brouhaha de la presse et les retours laudatifs des États-Unis.

 

Pas de moral, pas de leçon, pas d’esthétique, pas d’acteur remarquable, des mouvements de caméras incessants qui donnent l’impression permanente d’être sur un ferryboat, pas de bande-son notoire (il faut vraiment connaître Antonio Sanchez pour s’y attarder), pas de scénario original, pas de réel genre à attribuer à ce film.

Pour moi, ainsi s’écrasent en beauté tous les espoirs placés dans un film réalisé par un cinéaste que j’idolâtrais presque depuis Babel. Une légende qui s’effondre, jusqu’à son prochain film qui ne nécessitera pas de lire entre les lignes du scénario pour y trouver une idée fugitive frôlant la perfection, comme il sut le faire jadis.

 

Mathilde  

Note : 2,5/5.


Bande-annonce : Birdman - VF


Dans les rôles principaux :

 

Michael KeatonMichael Keaton

Riggan Thomson

63 ans - 1 prix et 6 nominations

37 ans de carrière - 60 films

Vu dernièrement dans : Need for Speed ( 2014), RoboCop (2014), Clear History (2013), Penthouse North (2013) Cars 2 (2011)

Prochaînement dans : Birdman

 

Zach Galifianakis

Zach Galifianakis

Brandon

45 ans - 3 nominations

16 ans de carrière - 48 films - 3 productions

Vu dernièrement dans : Muppets most wanted ( 2014), Triptank (2014), Tim and Eric's Bedtime Stories (2013), Very Bad Trip 3 (2013)

Prochaînement dans : Birdman - Are You Here

 

Edward Norton

Edward Norton

Mike Shiner

45 ans - 1 prix et 10 nominations

19 ans de carrière - 39 films - 2 réalisations - 9 productions

Vu dernièrement dans : Salinger ( 2013), The Grand Budapest Hotel (2013), Jason Bourne : l'héritage (2012), Moonrise Kingdom (2012), The Dictator (2012)

Prochaînement dans : Birdman - Thanks for Sharing

 

Sans oublier :  

Andrea Riseborough, Amy Ryan, Emma Stone, Naomi Watts, Lindsay Duncan, Merritt Wever

Andrea RiseboroughAmy_RyanNaomi WattsEmma Stone


 

Infos :

Alejandro Gonzalez InarrituAlejandro Gonzalez Inarritu

Réalisateur

51 ans - 5prix et 44 nominations

15 ans de carriere - 16 films réalisées 

A réalisé : Kurosawa, la Voie (2011), Ultimo Elvis (2011), Biutiful (2011), Chacun son cinéma (2007), Mother & Child (2009), Babel (2006), 21 grammes (2003) ....

Sort prochainement : The One Percent (série), The Revenant

sa fiche IMDB

Année de production 2014

Scénaristes : Alejandro Gonzalez Inarritu, Nicolás Giacobone, Alexander Dinelaris, Armando Bo

Inspirée d'une nouvelle de Raymond Carver intitulée "What We Talk About When We Talk About Love" ("Parlez-moi d'amour", dans sa version française). (1981)

Sociétés de Productions : New Regency Pictures., R. et M. Productions, Grisbi Productions

Distribution : Twentieth Century Fox France

Les secrets de tournage sur AlloCiné

 

Musique : Antonio Sanchez
RECETTES
Démarrage USA
2 471 471 $
Etats-Unis
36 457 830 $
Reste du monde
35 700 000 $
Total
72 157 830 $
Rentabilité Monde
401 %
  

Mon avis :
En voilà une critique comme je les aime, argumenté comme elle se doit. Il faut admettre que ni le sujet, ni le titre ne donnent envie de se déplacer au cinéma !
Notons quand même les 6 prix et les 22 nominations reçus et la rentabilité du film avant sa sortie en France !  (13 prix et 28 nominations dans les festivals pour le film "Birdman".  après les Oscars 2015)
Et puis 2.5/5 de Mathilde, ça veut pas dire que c'est nul ! c'est juste qu'elle a été déçu.
Maintenant, à vous de vous faire votre propre opinion de ce film.
Dans l'attente de vos commentaires
Sly

 

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Commentaires
N
J'ai passé un bon moment; j'ai trouvé ce film décalé et surprenant...les acteurs m'ont convaincue et j'ai apprécié découvrir un peu le Broadway de derrière la scène :)
Répondre
L
J'ai eu beaucoup de mal, on sait comment ça va finir au premier tiers.<br /> <br /> Et après on médite sur Holywood qui s'autoconsacre d'année en année.<br /> <br /> Avec quoi ces gens vont-ils se masturber l'année prochaine ? Retirez le miroir !
Répondre
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